Eglise Saint-Pierre et Saint-Romain

L’église Saint-Pierre et Saint-Romain de Savennières, classée Monument historique depuis 1840, est considérée comme l’édifice chrétien, encore debout, le plus ancien d’Anjou. Le premier texte qui la mentionne est le Cartulaire du Ronceray (l040-1050) mais il y a tout lieu de penser qu’il y avait avant cela un sanctuaire plus ancien.

Les maçonneries de la partie basse de la façade principale, de type gallo-romain, permettent de faire remonter cette partie de l’actuel bâtiment au milieu du Xe siècle, peut-être même du IXe, c’est-à-dire peu après les derniers raids des Normands dans la région.

La nef primitive se reconnaît par la disposition particulière des briques rangées en « arêtes de poisson » et l’appareillage de sa maçonnerie faite de petits moellons presque noirs et de briques rouges. Ces maçonneries se distinguent aisément, par le changement de mise en œuvre des matériaux, des extensions réalisées d’abord au XIIe siècle puis au XVe tant en hauteur que sur le bas-côté gauche.

La nef primitive était probablement à l’image de la « basilique romaine » avec un toit plat couvert de tuiles, l’utilisation courante de l’ardoise ne remontant qu’au XIe siècle. La décoration était très sommaire, jouant, à l’extérieur seulement, de la variété des matériaux.

La seule entrée était alors sur le côté sud de l’église, car le cimetière occupait le côté ouest. Le portail de cette entrée date du milieu du XIIe siècle et constitue un très bel exemple de l’art roman avec ses deux arcs en plein cintre superposés et sa corniche soulignée d’une frise richement décorée, elle-même supportée par dix modillons sculptés dont la signification fait l’objet de maintes interprétations. Le porche ouest, sur la place actuelle de la Mairie, sera réalisé plus tardivement mais en respectant parfaitement la façade ancienne

Du XIIe siècle date également la construction du chevet, extension est de l’église. Il est une des plus belles parties extérieures de l’église, en particulier sa corniche à feuillage filiforme et palmettes supportée, de même qu’au portail sud, par des petits modillons sculptés à têtes humaines ou grotesques. La construction du clocher aurait précédé celle du chevet. C’est une puissante tour carrée de 6×6 m et de16 m de haut. Elle est surmontée d’une flèche particulièrement fine et élancée portant au faîtage une croix et un coq à plus de 33 m au-dessus du sol. Le clocher possède quatre cloches dont la plus grosse pèse 673 kg. Elles ont été installées au milieu du XIXe siècle en remplacement des anciennes qui avaient été fondues pendant la révolution. Elles ont été électrifiées en 1969.

Au XVe siècle, avec le transfert du cimetière sur l’actuelle place du Mail, l’église connaîtra à nouveau deux transformations importantes : une nouvelle surélévation du toit et la construction d’une seconde nef au nord de la principale, entraînant du même coup la prolongation du transept avec la réalisation d’une grande baie de style gothique flamboyant.

Enfin en 1728, l’église sera dotée d’une sacristie ouvrant sur la rue au nord de l’abside, permettant de condamner la petite porte qui existait dans le transept. A cette même époque avaient été aussi construits des « ballets » en charpente devant les deux entrées. Ils servaient d’auvents pour abriter les paroissiens de la pluie ou du soleil avant d’entrer dans l’église. Ils furent démolis à la fin du XIXe siècle pour faciliter la circulation qui se développait rapidement.

A l’intérieur, la nef primitive est un rectangle de 8,90 m de large et 14,9 m de long. Elle s’ouvre sur la nef du bas-côté nord par trois arcs en ogive reposant sur des piliers par l’intermédiaire de chapiteaux à décoration florale d’acanthe avec mascarons. Dans le bas-côté et le bras nord du transept, les pièces de charpente sont apparentes et ornées de nombreux motifs profanes ou « engoulants ». Le bras droit du transept est occupé par la salle basse du clocher qui était à l’origine une chapelle largement ouverte par un arc roman sur le chœur de l’église. Cette absidiole permettait la manœuvre des cloches. Dans l’allée centrale on remarquera trois dalles en ardoise, aux inscriptions effacées et une autre sur la gauche où l’on a pu déchiffrer : « Ici repose le corps de Dame Anne Poulain de la Forestrie décédée le 5 octobre 1721.

L’abside, de pur style roman, est la partie la plus remarquable de l’édifice, tant par la justesse de ses proportions que par la subtile lumière qu’elle filtre. La voûte, dite « en cul de four » est plongée dans une semi-obscurité qui incite au recueillement. Elle est fermée par une arcature à cinq travées supportée par des colonnes, chaque arcade étant percée d’une fenêtre étroite. L’ensemble laisse filtrer au niveau des yeux une lumière particulièrement subtile. Les vitraux sont du XIXe siècle.

S’agissant du mobilier, on notera l’autel en marbre blanc, peut-être un ancien tombeau, qui a remplacé en 1849 le précédent, maintenant placé derrière, et qui est un bel ensemble sculpté en bois doré. Dans l’aile nord du transept un grand retable en pierre de style gothique, assez récent, servant de fond à l’autel de la vierge, elle-même entourée de Saint-Pierre, Saint-François d’Assise, Saint-Paul et Saint-Maurille. Sur un pilier séparant les deux nefs, un curieux bas-relief en bois peint du XVIIIe siècle représente le martyr de Saint-Blaise. On verra également une statue polychrome de Saint-Romain patron de la paroisse, une statue de la vierge à l’enfant et un grand Christ en croix suspendu à la ferme de la nef principale.

Trois bénitiers sont à remarquer : les fonds baptismaux (1734), un bénitier en marbre noir du XVIIe ou XVIIIe siècle et celui de la porte sud en granit, très ancien et curieusement encastré dans le mur.

Enfin quelques peintures : à droite en entrant dans l’église, un curieux tableau romantique d’adolescent en méditation devant les instruments de la Passion. Puis une Assomption de la Vierge. A gauche Saint-Maurille ressuscitant Saint-René enfant (1742). Également dans la nef nord un Saint Jérôme et un Saint-François.