La Pierre Bécherelle
C’est un lieu de promenade presque incontournable pour les randonneurs et les cyclistes. Beaucoup connaissent ce rocher haut de 15 mètres, situé à Épiré, face à la pointe nord de l’île de Béhuard. A vélo ou à pied, le chemin menant à ce lieu est propice au repos et à la contemplation.
Il ne s’agit ni d’un menhir ni d’un monument mégalithique. Un recueil d’actes de propriété du Chapitre de l’Église St Laud d’Angers cite pour la première fois en 1009 ce curieux rocher, situé sur la paroisse d’Épiré.
A cette époque lointaine, cette roche sert de limite entre deux fiefs : celui de Saint- Laud et du Ronceray, du côté de Bouchemaine, et celui de Saint-Nicolas vers Savennières, comprenant tout le territoire de la paroisse d’Épiré, l’actuelle coulée de Serrant et la Roche aux Moines, avec les deux îles existant alors l’île de Béhuard et l’île Corbin.
On peut apercevoir cette pierre de très loin et elle est citée dans des manuscrits anciens en 1377 et 1436, mais les documents la concernant sont peu nombreux.
Les rares transcriptions à son sujet font état d’un poste d’observation et de perception des droits imposés aux diverses embarcations. La pierre a gardé son aspect primitif et sa hauteur permet aux seigneurs des lieux d’établir un bureau de péage où dîmes et redevances sont perçues. Ces péages perdurent jusqu’aux Guerres de Religion ; la rivalité des différents seigneurs étant consacrée à ces guerres, l’utilisation de Bécherelle et de ses péages sont abandonnés.
Deux exemplaires du journal “Le Maine et Loire” du 4 et 5 septembre 1843 donnent des renseignements sur le destin du célèbre rocher.
Il a échappé à une destruction totale : en effet, des entrepreneurs ayant besoin de matières premières pour des travaux de voirie prévoient de récupérer ce bloc de schiste très accessible et idéal pour eux.
Heureusement pour nous, de nombreuses protestations s’élèvent de toute part, et permettent ainsi la sauvegarde de ce monument naturel.
En 1849, il est quand même endommagé lors du tracé de la voie ferrée Orléans-Nantes. Une profonde entaille et les mines utilisées font basculer dans la Loire un bloc du rocher, lui donnant sa forme actuelle. Ce bloc qualifié de “pierre tombée” est visible lorsque les eaux du fleuve sont très basses.
Aujourd’hui encore, les promeneurs, escaladeurs et peintres profitent de ce lieu et de sa quiétude.